jeudi 14 septembre 2017

Courtney Barnett et Kurt Vile - Over Everything



Ils avaient été les héros de l'année 2015 avec leurs albums respectifs (Sometimes I Sit and Think, and Sometimes I Just Sit pour l'un, b'lieve i'm going down pour l'autre), les voici réunis en 2017 pour un album en commun intitulé Lotta Sea Lice. A bien y réfléchir, avec leur dégaine (faussement) négligée, leur attitude nonchalante, leur amour pour les guitares Fender et leurs textes plein d'esprit, ces deux-là étaient faits pour se rencontrer, et ce malgré les 15.000 kilomètres qui séparent Melbourne de Philadelphie. Courtney avait déjà ouvert un concert de Kurt en Australie par le passé mais ce sont pourtant bien des années plus tard que les deux artistes ont développé une réelle amitié, à force de se croiser sur le circuit des festivals internationaux.     

Il aura ensuite fallu deux ans à Kurt et Courtney (à ne pas confondre avec un célèbre couple du début des années '90...) pour mener à bien leur projet d'album commun. Au final, celui-ci est composé de nouvelles chansons (à l'image du titre Over Everything qui sera analysé ci-dessous), de réinterprétations (Peeping Tomboy de Kurt reprise par Courtney et Out Of The Woodwork de Courtney reprise par Kurt) et de covers (Untogether de Belly et Fear Is Like A Forest de Jen Cloher). Neuf morceaux figurent au total sur ce disque dont la sortie est prévue le 13 octobre via le label Matador. Il sera, en outre, accompagné d'une large tournée, en compagnie des musiciens Janet Weiss (Sleater-Kinney), Stella Mozgawa (Warpaint), Rob Laakso (The Violators, Mice Parade) et Katie Harkin (Sleater-Kinney, Wild Beasts). Un sommet de coolitude qui pointe à l'horizon... 

Over Everything est le premier extrait de l'album Lotta Sea Lice. Cette chanson est à la base du projet puisque Kurt Vile l'a écrite tout en se disant qu'elle correspondrait particulièrement bien à son amie Courtney. Et, honnêtement, c'est vrai qu'elle lui correspond particulièrement bien. Comme à Kurt lui-même, d'ailleurs. A l'image des deux musiciens, elle est relax et décontractée, simple sans être simpliste, cool et bon enfant. Kurt et Courtney se partagent gentiment un riff de guitare comme on le ferait au coin du feu. Leurs voix lancinantes se traînent, se croisent et se superposent avec une belle harmonie. Au fil des minutes, la douce mélodie de départ s'accélère dans un léger crescendo et le morceau prend un virage plus instrumental, laissant les guitares prendre le dessus, les solos remplacer les deux voix.


A travers les paroles, le duo explore le thème de l'isolement ("When I'm all alone on my own by my lonesome / And there ain't a single 'nother soul around") mais sous un angle à la fois positif et propice à la réflexion. Les musiciens évoquent ici une sorte de solitude choisie, telle une pause que l'on s'octroie parfois dans le tourbillon du quotidien, qui permet simplement de faire ce que l'on a envie de faire, sans se tracasser, sans se presser, sans se stresser ("When I'm outside in a real good mood / You could almost forget 'bout all the other things"). Des thèmes sous-jacents comme la musique ("I wanna dig into my guitar bend a blues riff that hangs") et la nature ("When I step outside to a beautiful morning / Where the trees are all waggin', my hair-flag waving") sont également mis en avant dans le texte.

Le clip a été produit et réalisé par le britannique Danny Cohen, connu pour avoir travaillé sur un grand nombre de films à succès (This Is England, Good Morning England, Le Discours d'un roi, The Danish Girl,...). Celui-ci est tourné en noir et blanc et on peut voir Courtney (tout de noir vêtue) et Kurt (tout de blanc vêtu) assis - ou debout quand la musique s'accélère - sur leurs amplis, guitare à la main, en train de jouer et chanter dans différents lieux, la plupart du temps seuls au beau milieu de nulle part. La particularité de la vidéo tient dans le fait que les deux musiciens sont filmés tour à tour en train de chanter les parties vocales de l'autre, dans une sorte de playback à moitié réussi qui surprend gentiment au début, qui prête à sourire ensuite, qui séduit à la fin. Comme Kurt et Courtney, finalement...  

      
"Over Everything"
When I'm all alone on my own by my lonesome
And there ain't a single 'nother soul around
I wanna dig into my guitar, bend a blues riff that hangs
Over everything

When I'm by myself and it's daytime cuz down-under
Or wherever it is I live when it's evening
You know I speed-read the morning news and come up with my own little song also
...too

When I step outside to a beautiful morning
Where the trees are all waggin', my hair-flag waving
The scenery ragin', my life/love cascading, and the smog hangs
Over everything

When I'm outside in a real good mood
You could almost forget 'bout all the other things
Like a big old ominous cloud in my periphery

Don't wanna talk about it
Simultaneous I shout it

When I was young I liked to hear music blarin'
And I wasn't carin' to neuter my jams with earplugs
But these days I inhabitate a high-pitched ring over things
So these days I plug 'em up

When I'm strugglin' with my songs I do the same thing too
And then I crunch 'em up in headphones, cause why wouldn't you?
You could say I hear you on several levels at high decibels
Over everything

When I'm all alone on my own by myself
And there ain't another single one around
I wanna dig into my guitar, bend a blues riff that hangs
Over everything

jeudi 31 août 2017

King Krule - Czech One



C'est le grand retour du frêle londonien, rouquin à la tête d'enfant mais à la voix du mec qui a déjà vécu plusieurs vies, chanteur, compositeur, rappeur et producteur, King Krule. En 2011, alors qu'il n'avait que 19 ans, il avait sorti un premier album, Six Feet Beneath The Moon, sorte de manifeste punk-jazz, avec des touches darkwave, hip-hop et trip-hop. Difficilement classifiable. Au fil des ans, de 2010 à 2015, le musicien a changé de pseudonyme aussi souvent que de casquette : Zoo Kid, DJ JD Sports, Edgar the Beatmaker, Edgar the Breathtaker, Lankslacks et The Return of Pimp Schrimp. Récemment, en décembre 2015, il avait choisi de prendre pour la première fois dans sa carrière de musicien son nom de naissance, Archy Marshall, pour un album intitulé A New Place 2 Drown, comme s'il avait besoin de se retrouver dans ce qu'il a de plus intime.

Mais Marshall a décidé de revenir en 2017 sous le nom de scène King Krule, son plus grand succès commercial jusqu'ici, avec un single intitulé Czech One. Ce morceau a été dévoilé le 23 août, soit 4 ans jour pour jour après la sortie du premier album de King Krule. Le musicien avait attisé la curiosité des fans la semaine précédente en leur envoyant un e-mail comportant un mystérieux poster ainsi qu'une vidéo d'une minute estampillée Bermondsey Bosom dans laquelle on pouvait notamment le voir lancer un ballon gonflable dans les airs. Toute cette mise en scène était donc destinée à teaser sa nouvelle chanson et, par extension, à annoncer l'arrivée d'un prochain album dans les mois à venir.


Alors, Czech One ? King Krule a mis de côté les beats électro et les instrus hip-hop pour se plonger dans quelque chose de plus sobre, de plus sinistre aussi. Le tempo est calme, composé principalement d'un thème de piano réminiscent, d'une rythmique réduite à sa plus simple expression et de chœurs qui arrivent et repartent aussitôt. On se croirait assis à la table d'un vieux club de jazz lugubre des quartiers populaires de Londres. Un saxophone mélancolique vient pleurer quelques notes au beau milieu du morceau. La voix de King Krule est grave, son chant presque parlé, comme s'il s'adressait uniquement à lui-même.

A travers les paroles, il évoque une rupture amoureuse dont le souvenir est encore douloureux ("You ask me what her name was called but I found it hard to write"). Il s'en veut de s'être attaché trop vite à cette femme ("Loverboy you drown too quick"). Malgré tout, il reste obsédé par elle et ne parvient pas à la sortir de sa tête ("I can't sleep at night, never slept at night / But she still sits in my dream"). A plusieurs reprises, il exprime le fait de devoir se retrouver seul avec lui-même ("I need a place to write" ... "I need a place to hide").

Le clip a été réalisé par Franck Lebon qui a notamment travaillé avec le rappeur islandais Reije Snow. On voit King Krule marcher au milieu d'une route et s'élever soudainement dans les airs. On le retrouve quelques instants plus tard à bord d'un avion, chantant, mélancolique, le regard tourné vers le hublot. On le suit alors à travers un voyage surréaliste, entre rêve et cauchemar, reflet de l'âme tourmentée du chanteur...

Lien vers le clip :



        

mardi 22 août 2017

Pukkekpop - 17/08/17


Mac Demarco - Pukkepop 2017


J'ai été me promener du côté de la plaine de Kiewit à Hasselt jeudi dernier à l'occasion du festival Pukkelpop, le dernier grand rendez-vous musical de l'été en Belgique, et cela faisait un baille que je n'y avais plus mis les pieds... J'étais donc ravi de retrouver ce vaste site aux allures de grande kermesse à la flamande avec ses nombreux chapiteaux, son attraction foraine et sa multitude de ballons gonflables dans tous les sens.

Comme avant chaque départ en festival, je m'étais concocté mon petit programme personnel avec les artistes à ne pas louper. Le problème, c'est que la programmation était dense et particulièrement riche, et qu'il allait donc falloir faire des choix pas toujours agréables. Ou alors, une autre option s'offrait à moi, c'était de regarder une partie de chacun des concerts que j'avais notés sur ma liste, dans une sorte d'apéro tapas plutôt que de gros menu trois services. C'est finalement ce que j'ai choisi de faire, bougeant d'une scène à l'autre et accumulant les kilomètres au fil de la journée.

Girls in Hawaii fut le premier concert de la journée et, pour le coup, je l'ai regardé en entier puisque j'avais un peu de temps devant moi. La Marquee n'était pas totalement pleine pour accueillir les musiciens originaires de Braine-l'Alleud qui venaient présenter sur scène leur quatrième album dont la sortie est prévue dans les prochaines semaines. Même s'ils ont eu un peu de mal à véritablement faire décoller l'assistance, ils ont livré une prestation diversifiée, oscillant entre les anciens et le nouvel album, alternant les ballades et les chansons pêchues, s'écartant même par instants de leur credo en distillant des touches disco-pop. Première mise en bouche de la journée plutôt réussie.

Les vétérans du rap West Coast, à savoir Cypress Hill, étaient la prochaine étape du programme. Le public est déjà plus nombreux sur la Main Stage malgré les quelques gouttes qui commencent à tomber et qui obligent les festivaliers à sortir les K-way pour la première fois de la journée. Même si les musiciens approchent tous dangereusement de la cinquantaine, ils n'ont pas tellement changé, au final. Les voix sont pratiquement identiques et les tubes font toujours recette (Insane in the quoi ?). Du haut de ses 47 ans, B-Real, pétard en main, s'amuse avec le public et on passe un bon moment avec lui. Ni plus ni moins.

Je reprends la route en direction de la Dance Hall pour aller observer le nouveau petit prodige de l'électro française : Petit Biscuit. Je prends le concert en route et la patte du compositeur de 17 ans est facilement reconnaissable. Il joue en live et prend régulièrement sa guitare électrique pour étayer ses différents morceaux. Gros succès d'audience, sans surprise, pour son tube Sunset Love. Les différents instruments et le travail de textures (dans le style des ses mentors Bonobo, Flume, et même The xx) font qu'on prend du bon temps en compagnie de ce jeune artiste qui a déjà la qualité de composer toutes ses chansons lui-même (et de ne faire quasiment aucun remix).

Petite pause avant d'entamer le rush de la soirée qui commence par PJ Harvey (j'ai laissé tomber The Naked And Famous...). La chanteuse anglaise de 47 ans est toujours aussi fascinante, aussi bien à regarder qu'à écouter. De ses postures théâtrales et de sa voix envoûtante, elle hypnotise le public, nombreux mais respectueux, amassé dans la Marquee. En compagnie de ses fidèles musiciens, elle alterne entre le calme et la tension, les moments de félicité et les explosions sonores grandiloquentes. On assiste à une sorte de grande cérémonie religieuse, un peu hors de l'espace et du temps.

J'observe ensuite de loin les dernières minutes de Stormzy. L'énergie, le flow et l'accent britannique du rappeur me laissent plutôt une bonne impression même si c'est bien trop court que pour me faire une idée vraiment précise de la prestation... A revoir.

Je remonte toute la plaine pour le début du concert de Solange, très attendue au Pukkelpop après son annulation de dernière minute à Dour au mois de juillet. Le dernier album de la petite sœur de Beyoncé, A Seat at the Table, avait reçu d'excellentes critiques lors de sa sortie en 2016 et je voulais me faire ma propre opinion. Je n'ai malheureusement pas réussi à rentrer dans le concert malgré la belle voix, les chorégraphies et le visuel très soigné. Peut-être que la prestation manquait un peu d'énergie et de spontanéité à mon goût...

Je retourne ensuite à la Marquee pour le concert d'Interpol qui a décidé de rejouer en live son premier et mythique album Turn on the Bright Lights en l'honneur des 15 ans de sa sortie. J'avais vu les musiciens newyorkais il y a deux ans au festival Rock en Seine et j'avoue que j'avais été plutôt déçu par leur prestation bien trop policée. Mais il semble que l'atmosphère plus confinée d'un chapiteau soit davantage taillée pour leurs prestations. En balançant le tube Evil dès les premiers instants du concert, ils ont allumé un feu qu'ils ont réussi à maintenir éveillé tout au long des 60 minutes, en attisant la foule de leurs guitares électriques et de leur impeccable session rythmique.

Interpol - Pukkelpop 2017 (full concert)

Je quitte le chapiteau à la fin du concert pour assister à la prestation d'un autre chanteur à la voix grave, Editors. Quand j'arrive, les anglais sont déjà occupés à envoyer du lourd. Ils déversent leur atmosphère sombre et théâtrale sur la plaine en utilisant massivement le synthétiseur. La nuit est désormais tombée et les jeux de lumière virevoltants en provenance de la grande scène ajoutent un plus. Après l'incontournable et remuant tube Papillon, Tom Smith s'installe seul au piano pour une version émouvante du titre No Sound but the Wind dédicacée aux victimes de l'attentat de Barcelone commis quelques heures plus tôt... Un moment de grâce qui termine le concert.

Editors - Pukkelpop 2017 (full show)

Arrive ensuite le gros dilemme de la journée puisque les organisateurs du Pukkelpop ont décidé de programmer en même temps The xx et Mac Demarco, les deux artistes de la journée que j'avais sans aucun doute le plus envie de voir et qui justifiaient à eux-seuls le déplacement à Hasselt (choix assez étonnant tout de même de faire jouer Mac Demarco à 00h45 dans le sens où le rock décontracté du musicien aurait selon moi mieux convenu à une fin d'après-midi en plein air plutôt qu'à une fin de soirée dans un chapiteau...).

Je commence par The xx. Cette fois-ci, c'est la marée humaine devant la Main Stage. Rien d'étonnant, le trio londonien est la tête d'affiche de la journée et l'un des concerts les plus attendus de tout le week-end. Les musiciens ont largement tourné cette année et le son est impeccable. Ils maîtrisent leur sujet, avec grâce et élégance, emmenant le public avec eux au début de chaque morceau et le relâchant délicatement à la fin. Ils semblent réellement touchés par les réactions enthousiastes de la foule, presqu'un peu mal à l'aise face à tant de compliments. Durant cette première moitié du show, The xx fait la part belle à son dernier album, I See You, avec des morceaux comme Say Something Loving, Dangerous, I Dare You....

Je serais bien resté encore un peu mais, si je veux voir Mac Demarco, il est temps d'y aller. Je passe de la foule compacte à un chapiteau à moitié vide, ce qui me permet de me glisser pratiquement au premier rang pour observer le phénomène. Car il s'agit bien d'un phénomène. Avec son pantalon trop grand et retroussé, ses chaussettes blanches et ses baskets pourries, son t-shirt rentré à l'intérieur et sa bouteille de whisky en main, il est l'anti-héros par excellence. Il se marre en permanence et joue ses chansons avec une décontraction déconcertante. Quand j'arrive, il entame l'un de ses nouveaux singles, My Old Man, et se lance ensuite dans une version déjantée et hallucinante du titre A Thousand Miles de Vanessa Carlton (oui, oui...). Il finit torse nu et se jette dans la foule. Vient encore une dernière chanson, Still Together, tout aussi allumée que la précédente, qui termine en beauté cette journée, l'esprit léger et le sourire aux lèvres...                      

 

mardi 15 août 2017

Jake Bugg - How Soon The Dawn


S'il y a bien une chose qu'on ne peut pas reprocher à Jake Bugg, c'est sa productivité et son inspiration. L'artiste anglais, jeune musicien prodige de Nottingham, s'apprête à sortir son 4e album en 5 ans... Hearts That Strain sera disponible dans les bacs dès le 1er septembre et les premières infos laissent à penser qu'il s'agit d'un retour aux sources. Après un formidable album éponyme qui l'a véritablement propulsé sur le devant de la scène (2012), un deuxième plus électrique davantage taillé pour les concerts (Shangri La, 2013) et un troisième légèrement plus expérimental (On My One, 2016), il semble que Jake Bugg ait voulu revenir à un rock plus classique, proche de celui de ses débuts, celui avec lequel il s'était fait un nom dans le paysage musical.

Le premier extrait du nouvel album s'intitule How Soon The Dawn. Il s'agit d'une ballade folk enregistrée à Nashville et écrite en compagnie du musicien Dan Auerbach (Black Keys) et de son ami producteur et guitariste Matt Sweeney. C'est un des tout premiers morceaux composés pour le nouvel album et il permet de se faire une idée précise de l'atmosphère qui y règnera. Ce qui frappe en premier lieu, c'est qu'il s'agit d'une chanson que l'on pourrait qualifier de réjouissante, voire d'heureuse, un fait plutôt rare dans la discographie de Jake Bugg. Et la raison en est plutôt simple. Selon ses dires, il n'a jamais été aussi heureux dans sa vie que pour le moment.


La guitare acoustique est l'élément central de la chanson. La voix de Jake Bugg est particulièrement douce et posée en comparaison avec d'autres de ses compositions où il faisait davantage étalage de sa puissance. Il est ici dans la retenue, dans la maîtrise. Les chœurs accentuent le côté doux, calme, presque mielleux de la chanson. Bref, d'un point de vue musical et mélodique, How Soon The Dawn possède toutes les caractéristiques de la jolie ballade folk-rock, des accords simples et répétitifs aux petites notes d'harmonica.

Mais ne nous fions pas trop aux apparences. Sous le bonheur apparent, Jake cache une part d'ombre et les sentiments sont souvent plus complexes et plus ambivalents qu'ils n'en ont l'air. C'est ainsi que les paroles de How Soon The Dawn renferment, elles aussi, un côté sombre. Mais de quoi parle la chanson au juste ? Elle parle d'être sur la route, de la vie de musicien, d'être en couple mais de devoir partir en tournée, de la confiance sur laquelle il faut baser ce genre de relation, ou du manque de confiance qui peut la détruire...

How soon the dawn
Of love has come
And made you run
You've come undone
I've been feeling it too

Les paroles sont éminemment personnelles. Elles sont le reflet de la vie de Jake Bugg. Chacun des albums du musicien de 23 ans possèdent ce côté intime mais il semble l'avoir poussé ici encore un peu plus loin que par le passé. Plus que jamais, il utilise sa musique pour projeter ses pensées et ses sentiments. Dans ce sens, il s'inscrit dans la lignée des grands musiciens folk, country et blues, trois styles dont il se revendique et dont sa musique est fortement imprégnée (il eut sa première révélation musicale en entendant le morceau Vincent de Don McLean dans un épisode des Simpsons...).

Jake Bugg continue à jouer la carte de l'intime dans son clip où on peut le voir dans son lit, au réveil, jouant de la guitare en compagnie de sa petite-amie et mannequin Roxy Horner. Il nous emmène dans sa vie, dans son monde, d'une façon sincère et honnête. L'autre moitié de la vidéo, on le voit simplement assis sur un tabouret, guitare à la main, en train d'enregistrer sa chanson en studio. Il n'y a pas vraiment de script ni d'histoire dans ce clip, juste l'idée de partager un moment simple, sans grande mise en scène, en jouant sur le côté amateur dans la façon de filmer.

Qui a dit qu'on ne pouvait pas écrire une bonne chanson en étant heureux ?



"How Soon The Dawn"
Just look how far I've fell
Down in the wishing well, you'd forgotten
I spent time in your head
I thought I knew it all
How the mighty fall to the bottom
You spent time in your bed

How soon the dawn
Of love has come
And made you run
You've come undone
I've been feeling it too
Ooh-ooh-ooh-ooh-ooh
Ooh-ooh-ooh-ooh-ooh
Ooh-ooh-ooh-ooh-ooh

You took the subway down
Until the day you've found it was broken
Now it can't take you away
Was just a silly thought
Until the day you caught me in action
You're knowing me less everyday

How soon the dawn
Of love has come
And made you run
You've come undone
I've been feeling it too
Ooh-ooh-ooh-ooh-ooh
Ooh-ooh-ooh-ooh-ooh
Ooh-ooh-ooh-ooh-ooh


mardi 8 août 2017

Jay-Z : 4:44



Si Jay-Z n'est plus vraiment considéré à l'heure actuelle comme le meilleur rappeur de la planète (MTV lui avait pourtant décerné en 2006 le prix de "plus grand MC de tous les temps"), il reste une figure de proue du genre et le sera sans doute ad vitam aeternam. Il a contribué à donner au rap ses lettres de noblesse et sa réputation n'est plus à faire. Jay-Z est une légende vivante, personne ne peut le contester. Mais voilà, depuis quelques années, il faut reconnaître qu'il faisait davantage parler de lui pour sa vie de famille, ses campagnes publicitaires et ses investissements financiers que pour sa musique en tant que telle. A dire vrai, on avait un peu oublié qu'il était avant tout un artiste...

Sauf que, en coulisses, le natif de Brooklyn n'était pas resté inactif. Et voilà qu'au début du mois de juin 2017, son 13e album était annoncé à grands coups d'affiches géantes dans les rues de New York et Los Angeles, de bannières sur internet et de vidéos teaser. Une arrivée en grande pompe, à la hauteur de la notoriété du bonhomme. C'est finalement le 30 juin, en exclusivité sur le site Tidal, que 4:44 a été dévoilé au grand jour. Sous la production de No I.D., génie beatmaker de Chicago qui a teinté l'album d'un irrésistible côté soul, Jay-Z livre des textes touchants et intimes, allant jusqu'à dévoiler des sujets privés alors jamais évoqués jusqu'ici comme l'homosexualité de sa mère ou son infidélité envers Beyoncé.


Le titre qui a donné son nom à l'album, 4:44, se trouve au cœur de celui-ci, à la cinquième position. Il s'agit véritablement de sa colonne vertébrale. Son nom s'explique par le fait que Jay-Z se soit réveillé à 4h44 précises, au beau milieu de la nuit, pour en écrire les paroles. Le rappeur n'hésite pas à dire qu'il s'agit d'une des meilleures chansons qu'il ait jamais écrites dans sa, pourtant riche, carrière. Choisir ce titre pour nommer l'ensemble de son album était donc une évidence pour lui.

4:44 est à la fois une lettre d'amour et d'excuse envers sa femme Beyoncé. La chanson démarre avec la voix gospel de Kim Burrell et enchaîne ensuite avec un sample du morceau Late Nights & Heartbreaks de la chanteuse soul britannique Hannah Williams (2016) dont le thème principal est l'infidélité. Il y a évidemment un lien direct avec les paroles de sa propre chanson. Jay Z parle de sa vie privée et évoque de nombreux souvenirs : "I said, 'Don't embarass me', instead of 'Be mine' / That was my proposal for us to go steady / That was your 21st birthday / You mature faster than me, I wasn't ready / So, I apologize".

Le dernier couplet est particulièrement sensible puisqu'il évoque ouvertement son infidélité. Il se demande ce qu'il ferait si ses enfants l'apprenaient (ce qui, paradoxalement, en l'écrivant dans une chanson, est certainement la meilleure façon pour eux de le savoir un jour...) : "And if my children knew, I don't even know what I would do / If they ain't look at me the same / I would prob'ly die with all the shame / 'You did what with who?' / What good is a ménage à trois when you have a soulmate? / 'You risqued that for Blue?'"

Le sample de Late Nights & Heartbreaks est au cœur du morceau de Jay-Z, il lui insuffle tout son côté soul. La voix du rappeur, calme et posée, est presqu'en retrait par rapport à celle puissante et émotive d'Hannah Williams. Les envolées vocales de la chanteuse renforcent l'effet dramatique et appuient les paroles personnelles de Jay-Z.

Le clip qui accompagne la chanson est quant à lui une véritable œuvre artistique de plus de 8 minutes. Il débute avec la magnifique voix d'un jeune garçon reprenant a cappella le célèbre morceau Feelin' Good (rendu célèbre par Nina Simone) et se termine avec une vidéo de Blue Ivy, fille ainée du couple Jay-Z - Beyoncé. Entre les deux, on peut voir des images d'archives poignantes et des interviews liées à la cause afro-américaine, deux danseurs s'exécuter à travers des mouvements habités ainsi que Jay-Z et Beyoncé sur scène en train de chanter leur morceau Drunk In Love.

Lien vers le clip :




"4:44"
[Kim Burrell:]
Do I find it so hard
When I know in my heart
I'm letting you down everyday
Letting you down everyday
Why do I keep on running away?

[Jay-Z:]
Look, I apologize, often womanize
Took for my child to be born
See through a woman's eyes
Took for these natural twins to believe in miracles
Took me too long for this song
I don't deserve you, I harass you out in Paris
"Please come back to Rome"
You make it home
We talked for hours when you were on tour
"Please pick up the phone, pick up the phone"
Said: "Don't embarrass me," instead of "Be mine"
That was my proposal for us to go steady
That was your 21st birthday, you mature faster than me
I wasn't ready, so I apologize
I've seen the innocence leave your eyes
I still mourn this death, I apologize for all the stillborns
'Cause I wasn't present, your body wouldn't accept it
I apologize to all the woman whom I
Toyed with you emotions because I was emotionless
I apologize 'cause at your best you are love
And because I fall short of what I say I'm all about
Your eyes leave with the soul that your body once housed
And you stare blankly into space
Thinkin' of all the time you wasted in on all this basic shit
So I apologize

[Hannah Williams:]
I'm never gonna treat you
Never gonna treat you like I should

[Jay-Z:]
I apologize, our love was one for the ages and I contained us
And all this ratchet shit and we more expansive
Not meant to cry and die alone in these mansions
Or sleep with our back turned
We're supposed to vacay 'til our backs burn
We're supposed to laugh 'til our hearts stops
And then we in a space where the dark stops
And lets love light the way
Like the men before me, I cut off my nose to spite my face
I never wanted another woman to know
Something about me that you didn't know
I promised, I cried, I couldn't hold
I suck at love, I think I need a do-over
I will be emotionally available if I invited you over
I stew over
What if?
You over
My shit?

[Hannah Williams:]
I'm never gonna treat you
Never gonna treat you like I should

[Jay-Z:]
And if my children knew, I don't even know what I would do
If they ain't look at me the same
I would prob'ly die with all the shame
"You did what with who?"
What good is a ménage à trois when you have a soulmate?
"You risked that for Blue?"
If I wasn't a superhero in your face
My heart breaks for the day I had to explain my mistakes
And the mask goes away and Santa Claus is fake
And you go online and see
For Blue's tooth, the tooth fairy didn't pay

[Hannah Williams:]
I'm never gonna treat you like I should



mardi 1 août 2017

Benjamin Schoos - Un parfum de nostalgie

(Chanson analysée par un ami)

La mélancolie est l'une des expressions humaines les plus mystérieuses. Elle se fonde sur la tristesse, émotion qu'on ne souhaite jamais perdurer lorsqu'on la vit et pourtant.  La mélancolie vient opérer un dépassement de celle-ci qu'elle transcende en la ressassant plutôt qu'en l'effaçant. On aurait presque du mal à comprendre, que plutôt que tenter de s'en défaire on s'y attarde. La musique brésilienne, elle, la nomme saudade.
"Saudade est un mot portugais, du latin solitas, atis
qui exprime une mélancolie empreinte de nostalgie, sans l'aspect maladif."
La maladie de la tristesse - synonyme d'un mot qui plaît moins celui de 'dépression'. Dépression et mélancolie sont donc voisines séparées d'une barrière floue, perméable. Est-il alors plus positif/constructif ou plus négatif/destructeur de recourir à celle-ci? Et comment expliquer que tant de musiciens en ont fait sujet d'exploitation? Comment deviner l'effet moteur les ayant poussés à la création plutôt qu'à la dépression? Et encore plus curieux: pourquoi en tant qu'auditeurs lointains des maux de l'artiste notre souhait de s'y plonger le temps  de minutes entières? Chopin et ses "Nocturnes". Debussy et son "Clair de Lune". La langueur troublante des "Six Gnossiennes" de Satie. Astrud Gilberto et sa pourtant joyeuse "Tristeza". L'égarement perceptible dans "Mr Tambourine Man" de Bob Dylan.  Pour ne citer que ceux que la mémoire collective reconnaîtra et qui me viennent à l'esprit.

Je me souviens de ma première écoute d'Un parfum de nostalgie de B.S.. C'était peu après les attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles. La compagne d'un ami avait péri dans une des voitures de métro. Je me réveillais souvent en pleine nuit humecté de sueurs et de larmes. Et les journées passaient statiques figées par une confusion voilée de désespoir. Puis cette chanson a trouvé écho dans cet état qui m'emmitouflait. Peu explicable car les deux tristesses, celle évoquée et celle vécue, ne présentaient aucun rapport sémantique commun. Et pourtant j'y ai trouvé un réconfort.

Je l'ai réécouté récemment aussi. Lorsque cela n'allait pas très bien avec la personne avec qui j'étais ou encore à l'annonce de la disparition d'une personne-pilier de ma famille très réduite du côté belge. La résonnance était de nouveau trouvée - les images en plus - suivie de nouveau par le réconfort pourtant antinomique de la tristesse de départ. Et c'est bien le fort d'une musique réussie: lorsque son abstraction mélodique permet toutes les envolées émotionnelles possibles à chacun.

Aujourd'hui j'y reviens encore propulsé par l'abandon de la relation avec la personne susmentionnée et par celle-ci. Et si son aide reste précieuse (celle de la chanson), sa lecture est différente. Il m'avait toujours semblé jusqu'alors que volontairement la narration était évasive voire générique dans l'approche du thème de l'amour perdu. En effet, diversité et nombre de mots sont drastiquement limités: respire - parfum - nostalgie - triste - doux - fou. Et c'est sans doute cette écriture qui fait que l'appropriation de la chanson par l'auditeur dans son propre registre émotionnel est aisée. C'est à mon sens l'une des clés de la réussite de la chanson.

Une autre me semble être ancrée dans l'usage de la répétition des mots, vers, couplets ou parties de ceux-ci:
Je respire
Un parfum de nostalgie
Venu je ne sais d'où
Un parfum de nostalgie
Un peu triste mais très doux
Cette récurrence des termes dont le chant lent et langoureux de B.S. provoque l'envol crée justement ce qui est une des composantes essentielles de la mélancolie soit: l'ivresse de ou par la tristesse. Les mots ressassés s'accordent avec la tristesse ressassée de la mélancolie et l'émotion trouve alors tout son sens. Les mots sous l'effet de la répétition et de leurs sonorités proches se mêlent et provoque alors un étourdissement proche de l'ivresse dont il est ici question. Or quand l'ivresse est recherchée, le réconfort est trouvé;  ce que procure également l'art de la mélancolie. Un projet de chanson mélancolique mené avec brio donc.
Quant à la musique, de nature philarmonique elle contribue à la dimension cinématographique de la chanson et aux apparitions d'images. Piano et violons eux-mêmes - instruments exemplaires de l'ode mélancolique - desservent le dessein mélancolique global de l'œuvre. Et lorsque le piano avance imperturbable le rythme bien sur terre, les violons eux visent l'envol faisant planer d'avantage encore les mots de B.S.. Enfin, les cuivres rappellent le ton solennel  désiré car ici la mélancolie se décline au propos de la nostalgie. Or nous ne sommes nostalgiques que de moments disparus dont il faut faire le deuil car uniques et liés à l'instant.
"Un peu triste mais très doux".
La nostalgie est en effet une belle déclinaison de la mélancolie en ce fait qu'y faire appel plonge dans le réconfort du souvenir mais aussi force à admettre le caractère volatile et imprenable du 'moment parfait' qu'on veut éternel: un bánh mì échangé allongé sur un lit face à 'Ricky et Morty', des improvisations approximatives partagées à la guitare, une balade à deux sur un vélo au soleil couchant le long des rizières à Hội An, sa jolie robe blanche à dentelles qui ne lui siéra jamais mieux qu'à l'âge de ses 21 ans, etc.

L'image du parfum est aussi habilement choisi car lui-même volatile et aussi (et surtout) provocateur du phénomène dit synésthésique par lequel une odeur rappelle une émotion passée et ce, instantanément et en dépit de nous-mêmes.

Plus personnellement et anecdotiquement, le parfum avait une place prépondérante dans ma relation depuis peu passée. L'écho que je trouve dans cette chanson est donc amplifié par cette connexion directe et, de là, plus troublant encore. C'est d'ailleurs l'ultime chose que nous ayons fait ensemble lors de notre dernière rencontre: acheter un flacon de parfum. Mon appropriation de la chanson en devient alors plus forte. Et malgré moi, celle-ci s'ancrera comme une balise saillante dans mon propre cheminement amoureux qui lorsque je la retrouverai des années plus tard me plongera de nouveau dans la nostalgie de cette saison des pluies de 2017 au Viêtnam.
" Je respire / Un parfum comme celui / Que vous portiez lorsque vous / M'avez dit 'mon ami / C'est fini entre nous' ".


"Un parfum de nostalgie"

Je respire
Un parfum de nostalgie
Venu je ne sais d'où
Un parfum de nostalgie
Un peu triste mais très doux

Je respire
Un parfum comme celui
Que vous portiez lorsque vous
M'avez dit 'Mon ami
C'est fini entre nous'

Je respire
Un parfum de nostalgie
Venu je ne sais d'où
Un parfum de nostalgie
Un peu triste mais très doux

Je soupire
Il ne subsiste aujourd'hui
Hélas, plus rien de nous
Qu'un parfum de nostalgie
Un parfum qui rend fou

mardi 11 juillet 2017

Liam Gallagher - Ardentes 2017



En tant que trentenaire un brin nostalgique, amateur de rock "enraciné", la venue de Liam Gallagher dimanche dernier au festival Les Ardentes constituait un petit évènement en soi. L'ex-Oasis et ex-Beady Eye venait défendre en bord de Meuse son tout premier album en tant qu'artiste solo, intitulé As You Were, dont la sortie est prévue pour le mois d'octobre 2017. Même si la programmation de Gallagher aux Ardentes n'entre pas à proprement parler dans la nouvelle direction urbaine et Hip-Hop prise par le festival liégeois il y a quelques années déjà, il semble que le rock y trouve encore de-ci de-là une petite place et qu'une partie du public, un peu moins jeune pour le coup, y soit toujours réceptif.

A l'approche du début du concert, une assistance de plus en plus nombreuse (ce qui n'a pas toujours été le cas les jours précédents, peut-être à cause de l'éloignement des deux scènes et des festivaliers en "transit" sur la longue route des saveurs) occupe l'espace verdoyant et ombragé de l'Open Air. Quelques fans de la première heure, en veste Adidas, maillot à l'effigie de Manchester City et drapeau Made in England sur les épaules occupent déjà les premiers rangs depuis un petit bout de temps. Les autres arrivent au compte-gouttes et la plaine est finalement joliment décorée au moment de l'entrée des musiciens sur la scène.

Liam a toujours la même démarche de petit merdeux (malgré ses 44 ans) de la Working Class des quartiers du nord de l'Angleterre, les pieds en canard et le buste penché en arrière. Il toise la foule, montre du doigt et s'adresse une première fois au public avec son accent à couper au couteau. Qu'on apprécie ou non son attitude arrogante, il attire les regards et magnétise le public. C'est vêtu de son éternel parka (même sous cette chaleur estivale) et tambourin à la main qu'il entame avec ses musiciens (il a notamment débauché le fidèle bassiste des Babyshambles, Drew McConnell, pour sa tournée actuelle) le premier morceau de la soirée. Il s'agit de Rock 'n' Roll Star, plage d'ouverture du tout premier album d'Oasis, Definitely Maybe, sorti en 1995. Quelques gobelets de bière s'envolent dans les airs. Le ton est donné.

Ce qui frappe d'emblée, c'est le fait que Liam Gallagher n'a pratiquement rien perdu de sa voix en 20 ans de carrière. Mieux, il en a même récupéré une partie si on se réfère à la fin de l'ère Oasis. En fermant les yeux, on fait facilement un bond en arrière pour se retrouver en plein âge d'or de la britpop, au temps où Oasis et Blur se disputaient le haut de l'affiche. En les ouvrant, il faut reconnaître que le visage du chanteur trahit un peu le poids des années (des excès aussi) même s'il a gardé la pause, les mains derrière le dos et le micro légèrement en contrebas. Les musiciens jouent fort mais le son est impeccable. Leur premier concert ensemble ne date que de la fin du mois de mai 2017 mais ils sont déjà bien rodés et parfaitement au point. C'est simple et sans fioriture. It's only rock 'n' roll, baby !

Le groupe enchaîne alors avec un second tube d'Oasis, Morning Glory, avant de proposer au public ses nouvelles chansons (Wall of Glass, Chinatown...) dont les premières écoutes laissent présager un album rock plutôt travaillé et assez bien abouti. Liam continue à jouer l'arrogant, crache par terre et s'emballe à plusieurs reprises contre son ingénieur du son pour ce qui semble être un problème de "retour in-ear". Mais derrière la carapace du rebelle, se cache aussi un homme de cœur et de valeurs (il suffit de voir l'attitude adoptée par l'artiste à la suite des attentats de Manchester et Londres) : il dédicace à plusieurs reprises ses chansons à des fans dans le public et certains sourires en coin trahissent le fait qu'il y a bel et bien quelqu'un d'autre derrière le personnage public, les "fuck" à chaque fin de phrase et les insultes au frangin...   

Les morceaux continuent de s'enchaîner à un rythme soutenu (à noter encore parmi les titres les plus célèbres D'You Know What I Mean et Slide Away) pendant une heure de concert. Belle surprise à la fin de la prestation, Liam gratifie l'assistance du tube planétaire Wonderwall, très rarement joué en live par l'artiste (au contraire de son frère Noel). "It's Wonderwall or it's fuck all", lance-t-il juste avant que résonne les célèbres accords à la guitare acoustique. "Today is gonna be the day...", la chanson démarre et la plaine chante à l'unisson. Une belle façon de clôturer ce qui a sans doute été le vrai moment rock de l'édition 2017 du festival Les Ardentes...

Liam Gallagher - Wonderwall (Les Ardentes 2017)