LCD Soundsystem - Call The Police

LCD Soundsystem avait bel et bien pris sa retraite de manière un peu trop précipitée... En 2010, le groupe avait sorti This Is Happening, un disque largement acclamé par la critique qui devait être une sorte de dernier testament, et le 2 avril 2012, les musiciens se retiraient en apothéose via un concert d'adieu au célèbre Madison Square Garden de New York, dans leur ville d'origine. Un film, Shut Up And Play The Hits, et un disque, The Long Goodbye (Live At Madison Square Garden) étaient d'ailleurs réalisés afin d'immortaliser l'évènement et de passer à la postérité. On pensait alors logiquement que la messe était dite pour la célèbre et talentueuse formation électro-rock.

Mais James Murphy et ses acolytes n'auront finalement pas résisté longtemps à l'envie de se retrouver... En 2016, déjà, ils avaient repris la route ensemble pour une large tournée des festivals d'été. Et au début de ce mois de mai 2017, le vendredi 5 à minuit précisément, ce qui était pressenti arriva, LCD Soundsystem sortait deux nouvelles chansons, Call The Police et American Dream, promettant un album à la fin de l'année. Le tout était soigneusement orchestré via les réseaux sociaux où le groupe expliquait avec détails l'ensemble de sa démarche.

Pour être tout à fait précis, les deux nouvelles chansons avaient déjà été jouées en live à l'occasion de la résidence du groupe dans la salle de concert Brooklyn Steel au cours du mois d'avril 2017. Mais entre-temps, James Murphy a pris le temps de les peaufiner. Il a mixé le morceau American Dream dans les studios DFA à New York tandis que Dave Sardy s'est occupé du titre Call The Police à Los Angeles. Il en ressort finalement ce double single, uniquement disponible en version numérique, qui donne d'ores et déjà quelques indications sur la couleur du prochain album.

Si American Dream penche plutôt du côté de la pop-électronique posée, dans un style qui n'est pas sans rappeler Radiohead, le morceau Call The Police porte davantage la marque de fabrique du groupe et de son label DFA Records (ce dernier ayant été fondé par James Murphy et Tim Goldsworthy en 2001). Il est énergique, dans un mélange de rock et d'électro (ou de punk et de new-wave, plus précisément), quelque part entre U2 et David Bowie (pour continuer dans les comparaisons, de nombreux fans y ont vu aussi des analogies avec les titres Procession de New Order et St. Elmo's Fire de New Order). La voix fiévreuse et légèrement éraillée de Murphy accompagne nerveusement et brillamment le morceau d'un bout à l'autre.

Les paroles dépeignent un monde sombre et anxiogène, une société malade qui insuffle insidieusement son virus au sein de la population ("It moves like a virus and enters our skin"). Mais le narrateur ne veut pas se laisser atteindre, il veut lutter et se battre ("The air is thin but that's not the state").

La première partie du refrain ("And we don't waste time with love") semble dénoncer le fait que la société actuelle n'est pas assez fondée sur l'amour et l'empathie. L'amour est considéré comme une perte de temps alors qu'il devrait être au centre des préoccupations. Quant à la deuxième partie ("It's just death from above"), il s'agit d'un clin d'œil au label de James Murphy DFA Records (qui signifie précisément Death From Above).

Le narrateur présente ensuite les signes d'une possible révolution au sein de la population ("You're head is on fire, you're hands are getting weak"). Il souhaite que les gens prennent leurs responsabilités, qu'ils assument qui ils sont et qu'ils le fassent avec fierté, même si cela va à l'encontre de la bienséance ("This is the plan / Wear your makeup like a man").

Le titre "Call The Police", qui est répété en continu à la fin de la chanson, pourrait être une sorte de provocation à l'égard des autorités. La police représente ici le pouvoir et l'ordre établi, avec toutes les dérives qui lui sont associées. En invoquant également les prédicateurs, il s'en prend de la même façon aux religions ("Oh, call the cops, call the preachers! / Before they let us and they lose"). Le pouvoir et la religion ne stopperont pas la révolution.

La dernière phrase de la chanson ("They're gonna eat the rich") fait référence à la citation "Quand les pauvres n'auront plus rien à manger, ils mangeront les riches", symbole de la lutte des classes et du fossé qui existe entre les riches et les pauvres. Dans le contexte de la chanson, les riches sont associés aux représentants du pouvoir.  

"Call The Police"

We all, we all, we all, we all know this is nothing
We all, we all, we all, we all know this is nothing
We all, we all, we all, we all know this is nothing
This is nowhere
We all, we all, we all, we all know this is nowhere
There is no one
Here

It moves like a virus and enters our skin
The first sign divides us, the second is moving to Berlin
But that's not the state I'm in
The air is thin but that's not the state

The old guys are frightened and frightening to behold
Their heads come out fighting and still doing what they're told
But you're waking a monster that will drive you from your orioles of gold
And your body will get cold

And we don't waste time with love
It's just death from above

Your head is on fire, your hands are getting weak
We all, we all get stupid in the heat
You've basted your brains with the shatter and defeat up on the street
And this is nowhere

The early years were boring
The quiet, unhappy punk
See mother was a cripple and my father was a drunk but gentle man
So we do the best we can

This is the plan
Wear your makeup like a man

'Cause we don't waste time with love
Yeah, we don't waste time with love
It's just a push and a shove

Well, there's a full-blown rebellion but you're easy to confuse
By triggered kids and fakers and some questionable views
Oh, call the cops, call the preachers!
Before they let us and they lose

When oh, we all start arguing the history of the Jews
You got nothing left to lose
Gives me the blues

And we don't waste time with love
And we don't waste time with love

So call the police
Yeah, call the police
Yeah, call the police
Yeah, call the police
Yeah, call the police
Yeah, call the police
Just chase the cops
Yeah, call the police
You're crazy, man
Yeah, call 'em up
Just call the police
The first in line
They're gonna eat the rich