mercredi 12 avril 2017

Kendrick Lamar - Humble



Depuis (au moins) son dernier album sorti en 2015, Kendrick Lamar trône majestueusement au sommet du rap mondial. To Pimp A Butterfly a pulvérisé bon nombre de records. Positionné à la première place des classements des meilleurs albums de l'année 2015 par une multitude de rédactions, dont celle du célèbre magazine Rolling Stone, il a également reçu plusieurs distinctions lors de la 58e cérémonies des Grammy Awards (en devenant par la même occasion l'artiste le plus nommé de l'histoire des Grammy depuis un certain Michael Jackson...). Au niveau des ventes, il a été certifié disque de Platine aux Etats-Unis avec plus d'un million d'albums vendus à travers tout le pays. Les tubes se sont succédé inlassablement (i, The Blacker the Berry, King Kunta, Alright et These Walls) faisant de To Pimp A Butterfly une pièce majeure de l'Histoire du rap américain et même mondial. Les principales raisons de ce succès ? Un large éventail de "flow", des modèles rythmiques variés et des textes personnels qui résonnent comme autant de prises de position politique en faveur de la communauté afro-américaine.

Avec son quatrième et dernier opus DAMN, qui sort ce vendredi 14 avril, le rappeur originaire de la banlieue de Compton en Californie est déjà en passe de répéter le même scénario. Les singles The Heart Part 4 et (surtout) Humble ont annoncé la couleur en quelques jours à peine. Ce dernier, sorti le 30 mars et produit par Mike Will Made It, a atteint directement la 2e place du US Billboard Hot 100. En outre, 110.000 copies se sont vendues dès la première semaine, un record depuis le morceau Love The Way You Lie de Eminem en featuring avec Rihanna. Jamais un single de Kendrick Lamar n'avait connu un tel lancement...

Lien YouTube vers le clip-vidéo :


Si Humble comporte tous les ingrédients du parfait single, c'est cependant l'instru qui est l'élément central et la pièce maîtresse de la chanson. Celle-ci commence brutalement par le son saturé d'une guitare électrique avant de laisser la place à un beat basé sur du piano et les fréquences d'une boite à rythmes Roland TR-808. Moins complexe peut-être que sur certains autres morceaux du rappeur américain (notamment en comparaison avec les sons jazz et funk du précédent opus), ce beat n'en demeure pas moins terriblement accrocheur et irrésistiblement remuant. Il s'agit de la bande-son parfaite pour accueillir les lyrics autoritaires de l'artiste.

A travers le refrain ("(Hol' up, bitch) sit down / (Hol' up lil' bitch, hol' up lil' bitch) be humble"), Kendrick Lamar semble s'adresser aux autres rappeurs et à ses détracteurs en leur imposant de faire preuve d'humilité face à ses chansons et ses lyrics. Il se place sur un piédestal par rapport à ses contemporains, telle un messie (le terme "humble" possède d'ailleurs de nombreuses références bibliques), en leur ordonnant de l'écouter. Selon certains spécialistes, ces paroles pourraient être adressées au rappeur Big Sean et à sa chanson No Favors (en featuring avec Eminem) dans laquelle il déclare avoir perdu son humilité. Cet artiste utilise, en outre, régulièrement les termes "Hol'up" et "Lil' bitch" que l'on peut entendre précisément dans le refrain de Kendrick Lamar.

Quoiqu'il en soit, le fait qu'il demande aux autres de faire preuve d'humilité tout en se montrant lui-même à l'inverse de l'humilité tend à prouver qu'il s'agit d'une critique sarcastique et parodique envers le milieu du hip-hop et envers certains artistes qui se prennent la grosse tête. Il adopte délibérément le même comportement que celui qu'il veut dénoncer.

Dans le premier couplet, il fait écho à son précédent single, The Heart Part 4, sorti quelques jours auparavant - dans lequel il proclame "I am the greatest rapper alive!" - en déclarant cette fois-ci "If I quit this season, I still be the greatest". Dans l'esprit sarcastique et second degré qui caractérise le morceau, cette déclaration prétentieuse et narcissique serait un ultime pied de nez à tous les rappeurs qui se prennent pour les rois du monde.


Le deuxième couplet prend quant à lui la forme d'une critique envers les standards de beauté et l'utilisation de logiciels tels que Photoshop ("I'm so fuckin' sick and tired of the Photoshop"). Il aimerait que les gens suivent davantage l'exemple de l'acteur américain Richard Pryor (qu'il cite également dans le morceau King Kunta) qui assumait totalement sa coupe de cheveux afro du temps de son vivant ("Show me somethin' natural like afro on Richard Pryor"). Sa critique vise également toutes les femmes retouchées qui abondent sur les écrans et les affiches publicitaires ("Show me somethin' natural like ass with some stretch marks"). Le rappeur fait ici l'apologie de la beauté naturelle.

Kendrick Lamar termine le morceau comme il l'a commencé, c'est à dire en se mettant en avant, et en se ventant notamment de connaître personnellement une célébrité comme Barack Obama. L'ex-président avait déclaré par le passé qu'il était un fan du rappeur de 29 ans. Il avait expliqué également que How Much A Dollar Cost était son morceau préféré de l'année 2015 et il l'avait invité dans le bureau ovale de la Maison-Blanche pour une rencontre amicale. Kendrick Lamar précise dans la chanson qu'il le connaît mieux que de nombreux artistes qui prétendent pourtant la même chose ("...Obama just paged me, ayy / I don't fabricate it, ayy, most of y'all be fakin', ayy"). De quoi imposer une dernière fois le respect et l'humilité chez ses détracteurs...

Les références christiques sont nombreuses dans le clip vidéo où Kendrick Lamar prend tout d'abord la forme d'un pape éclairé par la lumière divine avant de se retrouver à la place de Jésus Christ lui-même pour un remake vivant du tableau La Cène du peintre Léonard de Vinci. Les stéréotypes propres au milieu du rap américain sont également développés via des lancés de dollars et des filles en sous-vêtements. D'autres images de Kendrick Lamar se succèdent tout au long des 3 minutes de chanson où on peut le voir, notamment, la tête en feu ou jouant au golf sur le toit d'une voiture. Ce clip, esthétiquement réussi et brillamment réalisé par Dave Meyers et The Littles Homies, est à l'image de la chanson, c'est à dire une critique satirique de la mégalomanie du rap Made in USA...



            
"HUMBLE."
Wicked or weakness
You gotta see this
Waaaaay (yeah, yeah!)

Ayy, I remember syrup sandwiches and crime allowances
Finesse a nigga with some counterfeits
But now I'm countin' this
Parmesan where my accountant lives
In fact, I'm downin' this
D'USSÉ with my boo bae, tastes like Kool-Aid for the analysts
Girl, I can buy yo' ass the world with my paystub
Ooh, that pussy good, won't you sit it on my taste bloods?
I get way too petty once you let me do the extras
Pull up on your block, then break it down: we playin' Tetris
A.M. to the P.M., P.M. to the A.M., funk
Piss out your per diem, you just gotta hate 'em, funk
If I quit your BM, I still ride Mercedes, funk
If I quit this season, I still be the greatest, funk
My left stroke just went viral
Right stroke put lil' baby in a spiral
Soprano C, we like to keep it on a high note
It's levels to it, you and I know, bitch, be humble

(Hol' up, bitch) sit down
(Hol' up lil' bitch, hol' up lil' bitch) be humble
(Hol' up, bitch) sit down
(Sit down, hol' up, lil' bitch)
Be humble (bitch)
(Hol' up, hol' up, hol' up, hol' up) bitch, sit down
Lil' bitch (hol' up, lil' bitch) be humble
(Hol' up, bitch) sit down
(Hol' up, hol' up, hol' up, hol' up) be humble
(Hol' up, hol' up, hol' up, hol' up, lil' bitch) sit down
(Hol' up lil' bitch) be humble
(Hol' up, bitch) sit down
(Hol' up, sit down, lil' bitch)
(Sit down, lil' bitch, be humble)
(Hol' up, hol' up, hol' up, hol' up, lil' bitch) bitch, sit down
(Hol' up, bitch) be humble
(Hol' up, bitch) sit down
(Hol' up, hol' up, hol' up, hol' up)

Who dat nigga thinkin' that he frontin' on man, man? (Man, man)
Get the fuck off my stage, I'm the Sandman (Sandman)
Get the fuck off my dick, that ain't right
I make a play fuckin' up your whole life
I'm so fuckin' sick and tired of the Photoshop
Show me somethin' natural like afro on Richard Pryor
Show me somethin' natural like ass with some stretchmarks
Still will take you down right on your mama's couch in Polo socks, ayy
This shit way too crazy, ayy, you do not amaze me, ayy
I blew cool from AC, ayy, Obama just paged me, ayy
I don't fabricate it, ayy, most of y'all be fakin', ayy
I stay modest 'bout it, ayy, she elaborate it, ayy
This that Grey Poupon, that Evian, that TED Talk, ayy
Watch my soul speak, you let the meds talk, ayy
If I kill a nigga, it won't be the alcohol, ayy
I'm the realest nigga after all, bitch, be humble

(Hol' up, bitch) sit down
(Hol' up lil' bitch, hol' up lil' bitch) be humble
(Hol' up, bitch) sit down
(Sit down, hol' up, lil' bitch)
Be humble (bitch)
(Hol' up, hol' up, hol' up, hol' up) bitch, sit down
Lil' bitch (hol' up, lil' bitch) be humble
(Hol' up, bitch) sit down
(Hol' up, hol' up, hol' up, hol' up) be humble
(Hol' up, hol' up, hol' up, hol' up, lil' bitch) sit down
(Hol' up lil' bitch) be humble
(Hol' up, bitch) sit down
(Hol' up, sit down, lil' bitch)
(Sit down, lil' bitch, be humble)
(Hol' up, hol' up, hol' up, hol' up, lil' bitch) bitch, sit down
(Hol' up, bitch) be humble
(Hol' up, bitch) sit down
(Hol' up, hol' up, hol' up, hol' up)
       

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