samedi 25 mars 2017

Chuck Berry - Johnny B. Goode



Avec la mort de Chuck Berry ce 18 mars 2017, ce n'est ni plus ni moins que l'un des derniers pionniers du Rock 'n' Roll (le vrai) qui s'en est allé. En réalité, c'est peut-être même le Rock 'n' Roll lui-même qui s'en est allé. Guitariste de génie et un des plus grands chanteurs de tous les temps, il a influencé la musique comme peu de personne l'ont fait dans l'histoire du XXe siècle. On ne compte plus les artistes qui l'ont pris comme modèle, à commencer par les Beatles et les Rolling Stones, ceux qui ont repris ses chansons, des Beach Boys à Jimi Hendrix, et ceux qui lui ont fait une place dans la culture populaire, de Retour Vers Le Futur à Pulp Fiction.

A 90 ans, l'artiste s'est éteint au terme d'une vie ponctuée par des tubes planétaires (Maybellene, Roll Over Beethoven, Rock and Roll Music, Johnny B. Goode) et des scandales judiciaires (vol à main armée, affaires de mœurs, fraude fiscale). Rien d'étonnant à ce que le monde de la musique lui ait rendu hommage en très grand nombre dès l'annonce de sa mort à Saint-Charles (Missouri) à quelques kilomètres à peine de son lieu de naissance.

Johnny B. Goode n'est peut-être pas le premier tube de Chuck Berry (il s'agit de Maybellene, sorti en 1955, qui est considéré également comme le 2e morceau rock de l'Histoire après Rock Around The Clock de Bill Haley) mais il est sans conteste le plus célèbre. Sorti en 1958, via le label Chess Record, et enregistré dans la ville de Chicago, il a atteint à l'époque la 8e place du classement des meilleures ventes de singles aux Etats-Unis. Un peu plus de 50 ans après, le célèbre magazine Rolling Stone le consacrait septième plus grands morceaux de tous les temps. Apothéose cocasse s'il en est, Johnny B. Goode est la seule chanson rock à faire partie du Voyager Golden Record, ce disque envoyé dans l'espace à bord de deux sondes spatiales à destination d'éventuels extraterrestres...


Mais qu'est-ce qui fait le succès de Johnny B. Goode ? Le jeu de guitare de Berry, tout d'abord, et particulièrement son riff d'introduction, sur quatre mesures, qui symbolise à lui seul la vitesse, la technique et l'énergie du Rock 'n' Roll. Il fait partie aujourd'hui de l'inconscient collectif, à l'image d'autres intros arrivées un peu plus tard telles que Purple Haze de Jimi Hendrix ou Satisfaction des Rolling Stones. Ce riff serait issu d'un gimmick de son pianiste et mentor Johnnie Johnson et des réminiscences d'une phrase musicale jouée par les cuivres de Louis Jordan.

Il y a l'attitude du chanteur, ensuite, et son célèbre pas de danse, le duckwalk, exécuté généralement pendant le solo de guitare, qui consiste à plier une jambe en arrière et à tendre l'autre en avant tout en sautillant pour avancer. Celui-ci deviendra un mouvement emblématique du rock et sera repris au fil des années par de nombreux artistes dont les plus célèbres sont Pete Townshend (The Who) et Angus Young (AC/DC).


Pour finir, il ne faudrait pas minimiser la place qu'occupe le piano de Lafayette Leake et son jeu frénétique qui emballe véritablement le morceau d'un bout à l'autre. Le deux derniers instruments sont assurés par Willie Dixon (basse) et Fred Below (batterie).

Les paroles racontent l'histoire d'un jeune gars de la campagne nommé Johnny B. Goode qui ne sait pas vraiment lire ni écrire mais qui a un talent pour la guitare ("Where lived a country boy named Johnny B. Goode / Who'd never ever learned to read or write so well / But he could play the guitar just like a ringing bell").

Le fait qu'il vive dans une cabane en bois ("Way back up in the woods among the evergreens / There stood an old cabine made of earth and wood") et qu'il transporte sa guitare dans un sac en toile de jute servant habituellement à transporter des pommes de terre ou des graines ("He used to carry his guitar in a gunny sack") prouve sa grande pauvreté.

Impressionnés par sa musique, les ingénieurs du chemin de fer près duquel il joue viennent l'observer ("Go sit beneath the tree by the railroad track / Oh, the engineers would see him sitting in the shade"). Quant à sa mère, elle est persuadée qu'un jour il deviendra célèbre ("His mother told him 'Someday you will be a man / And you will be the leader of a big old band / Many people coming from miles around / To hear you play your music when the sun go down".


Même si les paroles possèdent indubitablement de nombreux éléments autobiographiques, il existe également des divergences entre Johnny B. Goode et Chuck Berry. En effet, le personnage de la chanson provient de la Nouvelle Orléans (Louisiane) tandis que Berry est né à Saint-Louis (Missouri). D'autre part, Johnny B. Goode est pauvre et analphabète alors que le célèbre musicien est issu de la classe moyenne (il a grandi dans un quartier afro-américain du nord de la ville relativement prospère) et il a été scolarisé à la Simmons Grade School puis à la Sumner High School.

Mais à l'image de son avatar, Chuck Berry est un surdoué de la guitare qui a longtemps joué dans les clubs, les bars et les boîtes de nuit (du blues, des ballades mais aussi de la country pour plaire au public blanc) avant de connaître le succès. Crazy Legs, surnommé de cette façon en raison de son jeu de jambes, avait 29 ans au moment de la sortie du morceau Maybellene et 31 ans au moment de Johnny B. Goode, ce qui lui a valu parfois d'être traité de "vieux" par ses paires, Bill Haley en tête...

Le titre Johnny B. Goode est un assemblage de deux références qui sont particulièrement chères à Chuck Berry. Le prénom Johnny est un hommage à Johnnie Johnson, un pianiste de blues américain, originaire également de Saint-Louis, qui a collaboré avec Berry sur de nombreux morceaux dont Maybellene, Roll Over Beethoven et Sweet Little Sixteen. En 1952, Chuck Berry avait remplacé Alvin Bennett au sein du Sir John Trio, le groupe de Johnnie Johnson, avant de devenir par la suite un membre permanent. Pour la composition des chansons, Johnson écrivait généralement les premières esquisses au piano avant que Berry n'y ajoute les parties de guitare et les paroles.


Le mot Goode vient quant à lui du nom de la rue où le musicien a grandi, le 2520 Goode Avenue à Saint-Louis, qui a été rebaptisée Annie Malone Drive en 1986 après le financement d'une maison des jeunes par une dame du quartier.

Enfin, l'initiale B. a sans doute été ajoutée pour que le nom complet sonne comme la phrase "Be good".

Dernière anecdote pour la route, et signe d'une époque révolue, Chuck Berry a dû changer le vers "That little colored boy can play" en "Oh my that little country boy could play" pour que la chanson soit autorisée à passer à la radio.




"Johnny B. Goode"

Deep down in Louisiana close to New Orleans
Way back up in the woods among the evergreens
There stood a log cabin made of earth and wood
Where lived a country boy named Johnny B. Goode
Who never ever learned to read or write so well
But he could play a guitar just like a-ringing a bell

Go go
Go Johnny go!
Go
Go Johnny go!
Go
Go Johnny go!
Go
Go Johnny go!
Go
Johnny B. Goode!

He used to carry his guitar in a gunny sack
Go sit beneath the tree by the railroad track
Oh, the engineer would see him sittin' in the shade
Strummin' with the rhythm that the drivers made
The people passing by, they would stop and say
"Oh my, but that little country boy could play"

Go go
Go Johnny go!
Go
Go Johnny go!
Go
Go Johnny go!
Go
Go Johnny go!
Go
Johnny B. Goode!

His mother told him, "Someday you will be a man,
And you will be the leader of a big ol' band
Many people comin' from miles around
To hear you play your music when the sun go down
Maybe someday your name'll be in lights
Sayin' 'Johnny B. Goode tonight!'"

Go go
Go Johnny go!
Go go go Johnny go!
Go go go Johnny go!
Go go go Johnny go!
Go
Johnny B. Goode!

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