lundi 5 décembre 2016

The 1975 - Somebody Else


The 1975

2016 aura été l'année de... The 1975. Tout récemment, l'influent magazine NME plaçait le dernier album en date du groupe britannique, I Like It When You Sleep, For You Are So Beautiful Yet So Unaware of It, à la première place de son classement des meilleurs disques de l'année. La chanson Somebody Else se situait, quant à elle, à la deuxième place des meilleurs tubes de 2016, juste derrière le titre Work de Rihanna. L'occasion était donc rêvée de se pencher un peu plus sur ce morceau et de revenir un instant sur la courte mais déjà fulgurante carrière de la bande à Matthew Healy.

Ils ne sont pas légion les groupes pop-rock a atteindre les sommets des charts à la fois au Royaume-Uni et aux USA. C'est pourtant la prouesse réalisée par The 1975 avec son dernier opus dont le titre à rallonge lui a valu également un prix honorifique au pays de l'Oncle Sam. Quelques mois avant sa sortie, le leader charismatique Matthew Healy avait annoncé la couleur, avec une arrogance très rock 'n' roll que n'aurait certainement pas renié Liam Gallagher, en déclarant que le monde avait besoin de cet album. Si on laissera à chacun le soin de juger de la nécessité ou non de l'écoute des 17 titres que compose ce dernier, on ne peut nier les talents de songwriting du groupe et sa capacité à créer des hits.

En 2013, Matthew Healy, Adam Hann, George Daniel et Ross MacDonald sortaient un premier album éponyme quelque peu ignoré par la critique mais largement soutenu par le public. Le groupe se lançait ensuite dans une tournée mondiale pratiquement à guichets fermés et s'offrait même le luxe de jouer en première partie des Rolling Stones lors d'un concert à Hyde Park le 13 juillet 2013. Sa musique influencée par Talking Heads, My Bloody Valentine ou encore Michael Jackson ne laissait visiblement personne indifférent.

Trois ans plus tard, les musiciens reviennent donc avec un nouvel opus qui, cette fois, semble ravir autant les fans que la critique (avant de consacrer leur album en 2016, le magazine NME les avait proclamés pire groupe de l'année en 2014...). Le coté pop est toujours présent dans ce deuxième album mais il est tempéré par des instrumentales post-rock et des thèmes plus sombres telles que la santé mentale, l'addiction, la solitude et la célébrité. Il faut dire que Matthew Healy est pratiquement revenu de l'enfer après une consommation effrénée de cocaïne particulièrement bien relatée à travers la chanson UGH!.


The 1975 - Somebody Else (live in studio)


Avec la sortie de I Like It When You Sleep,..., le 26 février 2016, les hits imparables se sont directement succédés : Love Me, UGH! ou encore The Sound. Mais le morceau Somebody Else a, quant à lui, quelque chose de différent. Quelque chose de plus posé. De plus raffiné. Les riffs de guitare dansants et les beats accrocheurs ont laissé la place à une atmosphère plus relaxante, plus chill. C'est moins l'envie de danser que l'on ressent que celle de taper du pied gentiment. Matthew Haley chante également dans un registre plus lent qui rappelle les premiers EP's du groupe (Me et Facedown) plus que les derniers enregistrements. Pour être exact, il semble donc que ce soit davantage un retour aux sources opéré par The 1975 plutôt qu'une toute nouvelle direction.

Les paroles sont personnelles et introspectives. Elles racontent les sentiments tourmentés d'une personne amoureuse qui vient de se faire remplacer par une autre. Les vers "I don't want your body / But I hate to think about you with somebody else" illustrent particulièrement bien les tourments qui animent un individu pris dans une telle situation. La trahison lui rend impossible le fait de poursuivre sa relation (ainsi que de désirer encore physiquement la personne) mais il admet ne pas pouvoir s'empêcher de penser à elle en compagnie d'un autre.

A travers le premier couplet, le narrateur explique les différents stades par lesquels il est passé après avoir appris la nouvelle. Il déclare dans un premier temps : "So I heard you found somebody else / And at first, I thought it was a lie". Si l'on se réfère aux 5 étapes du deuil établis par la psychiatre américaine Elisabeth Kübler-Ross, cela correspond à la première phase : le déni. Il ne peut admettre ce qu'il vient d'entendre. Il passe ensuite directement à la 5e phase, l'acceptation, comme en témoigne la suite des paroles : "I took all my things that make sounds / The rest I can do without". Il décide de mettre fin à la relation et de quitter le foyer.

A noter que cette dernière phrase ("I took all my things that make sounds / The rest I can do without") pourrait sous-entendre que cette histoire racontée par Matthew Healy est autobiographique. Dans ce sens, les "choses qui font du bruit" feraient alors référence à des instruments de musique. Cela traduit également le fait que sa musique est plus importante que tout le reste, que toutes ses affaires matérielles. Dans le même ordre d'idée, le chanteur proclame une nouvelle fois son aversion pour les téléphones portables (comme il l'avait déjà fait, notamment, dans la chanson A Change Of Heart) qui mettent de la distance entre les gens et qu'il oppose ici aux sentiments amoureux. Alors que, lui, la regardait amoureusement, elle, de son côté, préférait consulter son téléphone et échafauder cyniquement des plans avec quelqu'un d'autre : "I'm looking through you / While you're looking through your phone / And then leaving with somebody else."

La phrase "I don't want your body" est répétée à de nombreuses reprises tout au long de la chanson comme si le chanteur essayait de se convaincre lui-même de ce qu'il pense. De manière plus générale, plusieurs paroles laissent penser que le narrateur a du mal à réaliser que la personne qu'il aimait et en qui il avait confiance ait pu le trahir : "Oh, I just don't believe that you have got it in you". Il en résulte en désenchantement par rapport à l'amour qui se traduit dans les vers suivants : "Get someone you love ? / Get someone you need ? Fuck that, get money". Il laissera désormais tomber l'amour au profit de l'argent.


Matthew Healy
        

Le morceau a été dévoilé pour la première fois au public le 15 février 2016 sur Beats 1 (la radio lancée par Apple) par le pape de la musique underground Zane Lowe, un animateur Néo-Zélandais de 41, figure emblématique de la radio britannique que la marque à la pomme a été débaucher. Lors d'une interview avec Matty Healy, ce dernier teasait la chanson en déclarant : "It's something that talks about the guilty feelings that you don't really like thinking about".

Pour illustrer sa chanson, The 1975 a réalisé un clip grandiloquent d'une longueur de 8'30. Il commence avec l'arrivée de Matt Healy dans une pièce qui ressemble à celles utilisées dans les sitcoms des années '90. Le chanteur enlève son maquillage de clown devant le miroir tandis qu'une femme dont le visage est caché par ses cheveux est assise, immobile, sur un canapé. Matt sort des vêtements d'une valise et se change pendant qu'il s'adresse à deux reprises à la femme dans un langage incompréhensible. On entend, par instants, des rires et des hués parvenir du public de manière totalement inappropriée. Le clip, en noir et blanc jusqu'ici, passe en couleur au moment où il quitte la pièce pour débuter une virée nocturne qui va s'avérer cauchemardesque. On le voit errer, seul avec un skateboard, dans une ville pratiquement déserte, la tête basse et le visage régulièrement baigné de larmes. Il passe successivement dans un diner, un bar-karaoké (où il se fait tabasser à la sortie) et une boîte de strip-tease (où il rencontre une stripteaseuse qu'il emmène dans sa voiture). A chaque endroit où il passe, son regard est attiré par des femmes qui, à la fin du clip, prennent son visage de façon inquiétante et perturbante.

Lien vers le clip : https://www.youtube.com/watch?v=Bimd2nZirT4





Somebody Else
                 
So I heard you found somebody else
And at first, I thought it was a lie
I took all my things that make sounds
The rest I can do without

I don't want your body
But I hate to think about you with somebody else
Our love has gone cold
You're intertwining your soul with somebody else

I'm looking through you
While you're looking through your phone
And then leaving with somebody else
No, I don't want your body
But I'm picturing your body with somebody else

I don't want your body, I don't want your body
I don't want your body, I don't want your body
I don't want your body, I don't want your body
I don't want your body, I don't want your body

C'mon baby (I know)
This ain't the last time that I'll see your face
C'mon baby (I know)
You said you'd find someone to take my place

Oh, I just don't believe that you have got it in you
'Cause we are just gonna keep 'doin it' and every time
I start to believe in anything you're saying
I'm reminded that I should be gettin' over it

I don't want your body
But I hate to think about you with somebody else
Our love has gone cold
You're intertwining your soul with somebody else

I'm looking through you
While you're looking through your phone
And then leaving with somebody else
No, I don't want your body
But I'm picturing your body with somebody else

I don't want your body, I don't want your body
I don't want your body, I don't want your body
I don't want your body, I don't want your body
I don't want your body, I don't want your body

Get someone you love?
Get someone you need?
Fuck that, get money
I can't give you my soul, 'cause we're never alone
Get someone you love?
Get someone you need?
Fuck that, get money
I can't give you my soul, 'cause we're never alone
Get someone you love?
Get someone you need?
Fuck that, get money
I can't give you my soul, 'cause we're never alone
Get someone you love?
Get someone you need?
Fuck that, get money
I can't give you my soul, 'cause we're never alone

I don't want your body
But I hate to think about you with somebody else
Our love has gone cold
You're intertwining your soul with somebody else

I'm looking through you
While you're looking through your phone
And then leaving with somebody else
No, I don't want your body
But I'm picturing your body with somebody else




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire